domingo, 22 de setembro de 2019

Parole...parole...parole...

ECOLOGIE, LA NOUVELLE GÉNÉRATION PASSE AUX ACTES

TÉMOIGNAGES

Libération donne la parole à des jeunes de 20 ans ou moins. Ils et elles expliquent leurs engagements pour le climat et l'écologie. (Cliquez sur les boîtes pour les ouvrir)
Propos recueillis par Aude Massiot, Aurélie Delmas, Julia Castaing, Margaux Lacroux et Nathan Mann.
Photos Lucile Boiron, Hans Lucas et DR
Publié le 15 mars 2019
«J'ai l'impression qu'on nous parle de la cause écologique trop tard»
«J'éprouve une certaine colère vis-à-vis des générations antérieures : j'ai l'impression qu'on nous parle de la cause écologique trop tard. L'information sur l'écologie est passée au second plan jusqu'à aujourd'hui, alors qu'il semble qu'on a déjà atteint un point de non-retour. C'est comme si la génération précédente avait attendu que la génération qui pâtira du désastre écologique actuelle, c'est-à-dire la nôtre, arrive à un âge assez grand pour s'en occuper [...].
«J'essaie, de mon côté, même si je sais à quel point j'ai encore du chemin, de faire ce que je peux pour lutter contre tout ça. Je consomme végan (à quelques exceptions près), je ne prends que les transports en commun, j'achète en vrac et le plus bio possible, malgré mon budget étudiant, dans une dynamique de consommation "zéro déchet", et j'essaie de sensibiliser mes proches. C'est nous qui faisons prospérer, par nos achats, les grandes entreprises, c'est nous qui les finançons, par le biais de nos achats, ne nous voilons pas la face.[...]
«Les règles doivent changer, sans quoi... il n'y aura plus d'avenir pour nous. C'est triste, moi et mes amis, avec qui nous refaisons le monde en discutant, ne sommes même pas capables de voir l'avenir autrement que foutu. Et en même temps, j'ai l'impression qu'on est bloqués de tous les côtés pour créer un nouveau système de règles, de manière de penser. Je suis prête pour vivre dans un monde radicalement différent, mais comment le créer ? Faire élire un écolo comme président de la République ? Ça ne se passera jamais, puisque pour la majorité des Français, ce que je peux comprendre, le plus important est notre mode de vie qu'on essaie de défendre. Une personne qui met dans son programme qu'il faudra changer de manière drastique sa manière de consommer ne sera jamais élue. Et quoi faire d'autre ? Une révolution pour un monde plus écologique ? La moindre mesure pour l'écologie est extrêmement mal vue, pour des raisons qui sont parfois légitimes.
«Tout le problème vient du fait qu'on se vit comme "maître et possesseurs de la nature",comme disait Descartes. On pense que si on a la capacité de bétonner la planète, on a la légitimité de le faire. Mais aujourd'hui, nous sommes une partie de la jeunesse à prendre conscience et on peut entraîner les autres.»

Victoria Gontier, 20 ans, étudiante en philosophie à Nantes
«J'hallucine totalement de voir que la question de la croissance n'est pas du tout remise en question»
«L'effondrement me hante depuis des mois, j'ai eu une sorte de déclic au début de cette année scolaire. La cohérence entre idées et actes dans la vie de tous les jours est difficile, surtout pour les jeunes, souvent moins favorisés.
«Toutes les études tendent à montrer qu'une fois que nous aurons disparu, la Terre se remettra de nous, et assez vite. J'étais d'abord décidé à ne plus prendre l'avion pour aller en Europe, puis je me suis rendu compte que l'enjeu était tel que je n'allais plus pouvoir monter dans un avion à un quelconque moment de ma vie. Que ceux qui comptent aller passer quelques jours à Madrid, Rome ou Barcelone en avion y réfléchissent à deux fois puis y renoncent. Qu'ils simulent le bilan carbone entraîné, qui effacera toute trace d'effort le reste du temps.
«J'effectue l'intégralité de mes déplacements en vélo. Message aux Parisiens intramuros : si vous utilisez encore votre voiture (hors personnes à mobilité réduite), oubliez-la. Pour nous, pour vos enfants, pour l'humanité. On ne respire plus dans les villes, on n'en peut plus du tout-voiture, place aux mobilités douces. Du reste : je limite ma consommation de viande au strict minimum, j'achète le moins de plastique possible, j'achète mes fruits et légumes en Amap [association pour le maintien d'une agriculture paysanne, ndlr], je boycotte intégralement l'huile de palme (y compris "bio") et cela me fait tout bizarre quand je rentre chez mes parents et que j'y trouve parfois du Nutella ou des Twix. Je n'achète pas d'habits sauf lorsqu'un type bien précis est trop abîmé, et je n'ai pas plusieurs manteaux, plusieurs paires de chaussures ou plusieurs écharpes.
«J'y pense tout le temps, je me demande si je vais avoir des enfants ou si j'y renoncerai de peur de les lâcher sur une planète incontrôlable. Je pense à l'effondrement des hommes, à leur suicide collectif orchestré par une minorité n'ayant que des intérêts privés, de profit, court-termistes. Je suis obnubilé par cette catastrophe annoncée contre laquelle personne ne peut rien, sauf ceux qui justement n'y feront rien : les décideurs, ceux qui ont un levier politique, qui ont des moyens d'inverser des tendances par des moyens législatifs forts. Bien sûr, être végétarien, manger bio, trier ses déchets, faire attention à sa consommation, c'est important. Mais ce n'est pas suffisant, et c'est très douloureux de vivre en sachant que tout ce qu'on fait ne sert à rien. Je crois aux actions exogènes, aux interdictions de commercialiser certains produits, à la décroissance organisée.
«J'hallucine totalement de voir que la question de la croissance n'est pas du tout remise en question dans le paysage politique. Personne n'ose remettre en cause le fait que pour partager le gâteau, il faut d'abord fabriquer plus de gâteau. Mais notre gâteau déborde du plat ! On ne s'en sortira qu'en se concentrant sur la redistribution de ce qui existe.
«Il faut culpabiliser ceux qui doivent l'être, les plus grandes entreprises responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre. Leur imposer des choses : une production limitée, un système de déchets circulaire, des taxes lourdes sur le bénéfice. Il faut repenser le monde, c'est tout. C'est la fin du capitalisme, et l'effondrement sera son dernier aveu d'échec.
«La prise de conscience est assez générationnelle car toutes les échéances dont on parle quand on évoque l'écologie nous concernent directement. Une conscience émerge mais les gens n'arrivent pas à changer profondément. Il y a le quotidien, le confort, la pression sociale. C'est très difficile.» 
Ismaël Muller, 19 ans, en troisième année de géographie-urbanisme à Paris
«Nous ne sommes pas prêt à vivre ce que nous allons devoir vivre»
«Ma sensibilisation à l'écologie vient de mes parents et de mes lectures personnelles. Je milite au sein de l'association "Extinction Rebellion". [...] L'objectif est de construire un mouvement de désobéissance non-violente. [...] Parallèlement à mon engagement associatif, j'ai écrit un manifeste que je diffuse pour expliquer comment les institutions pourraient fonctionner autrement. Je pense qu'il est important de proposer de nouveaux récits pour ouvrir les imaginaires et nous mobiliser.
«Nous ne sommes pas prêts à vivre ce que nous allons devoir vivre. C'est-à-dire l’effondrement de notre civilisation. La prise de conscience de cela a été douloureuse, comme pour beaucoup. Mais si l'on continue business as usual pour encore quelques décennies, l'humanité s'éteindra vite. Nous n'avons pas le choix, préparés ou non, il faut passer par une descente énergétique (les énergies renouvelables ne seront jamais assez efficaces pour compenser l'abandon du pétrole) et une décroissance matérielle.
«Bien sûr, les règles doivent changer. Nous en sommes là parce qu'une minorité d'humains – en politique et en économie – peut imposer des décisions suicidaires pour son profit. Dans un premier temps, il faut des mesures contraignantes pour préparer la résilience, par exemple en fléchant les investissements des banques vers la relocalisation de la production et la transition énergétique et agroécologique. Cette dernière est une priorité absolue, il faudra bien plus de paysans que nous n'en avons aujourd'hui, afin de développer l'agriculture biologique productive – qui d'ailleurs, contrairement aux fantasmes des végans, nécessitera toujours l'élevage d'animaux.
«Nous allons, de toute façon, vers une longue et grave crise financière, avec la fin des énergies fossiles. Je pense que ce doit être l'occasion de reprendre l'économie (les entreprises et les banques) et de passer à une économie coopérative, qui serait bien plus juste, plus démocratique et n'aurait pas tendance à piller les ressources pour croître à tout prix. A moyen et long terme, je suis aussi favorable à une décentralisation du pouvoir auprès des régions et des communes pour construire localement la résilience. [...] La démocratie réelle – avec le tirage au sort et la participation directe − permet d'avoir une société en équilibre avec le vivant. Cela nous amènerait à une autre République, plus en accord avec les revendications de démocratie réelle des gilets jaunes.
Je milite pour de tels changements, pour le moment à travers la publication sur Internet d'un article. Notre génération n'a pas forcément conscience de ce qu'il faudra faire, mais elle a quelque chose d'assez précieux : la désillusion et la lucidité.
Andéol Lê Quan Phong, 18 ans, étudiant à Sciences Po, Paris
«On ne peut pas privilégier notre confort au détriment de la planète»
«Mes parents ont toujours eu une conscience écolo. A 15 ans, j’ai entamé une transition vers le végétarisme puis le véganisme. De plus en plus, c’est moi qui gère mes déchets etc. Donc je fais mes propres choix. J’aimerais réduire encore ma consommation de plastique mais, en tant qu’étudiante, je suis un peu à la merci de ce qu’on me propose dans les grandes surfaces.
«Autour de moi, ma famille et mes amis ont aussi progressivement réduit leur consommation de viande et de produits animaux. Je ne sais pas si toute notre génération est engagée, mais de plus en plus de gens font des efforts. Beaucoup de mes amis font très attention à leur consommation malgré l’éducation de leurs parents qui allait dans le sens inverse.
«Certains pensent que faire un petit pas suffit d’autres non. Mais se développe l’idée que, même si tout le monde change son mode de vie, ce sera insuffisant si les grosses entreprises ne changent pas.
«A terme, j’envisage qu’on n’utilisera plus d’énergies fossiles, ni de plastiques, et que les émissions polluantes seront fortement limitées. Y compris grâce à des lois. Cela ne m’effraie pas d’imaginer une autre société : on ne peut pas privilégier notre confort au détriment de la planète. Si la majorité des personnes ne prennent pas conscience de la situation, cela ne me choque pas que des mesures politiques soient prises.»
Manon Driessens, 19 ans, Rennes
«Il faut que la mobilisation dure jusqu’à un changement drastique»
«J'ai 20 ans, et je suis écolo. Mon déclic est arrivé il y a six mois, durant un séjour en Argentine. Bien que ce soit un pays absolument incroyable, l'Argentine a malheureusement une consommation de plastique aberrante et elle est connue comme étant le pays de la viande. Après avoir ressenti l'envie de me renseigner plus sur l'environnement et de connaître les enjeux de la consommation de viande, j'ai regardé des documentaires, puis je me suis abonnée à des médias, j'ai lu des articles, des témoignages, téléchargé des applications et je suis devenue végétarienne du jour au lendemain. Je ne me suis jamais aussi bien portée et je m'apprête a courir mon premier marathon en avril.
«Etape par étape, j'ai commencé par m'acheter une gourde, faire le tri à 100 %, effacer mes mails, cesser d'utiliser du gel douche en le remplaçant par du savon solide, privilégier l'achat de vêtements de seconde main, donner mes anciens vêtements, et n'utiliser mon scooter que lorsqu'il me serait impossible de prendre le métro.
«Des règles doivent-elles changer ? Absolument ! Nous sommes sur la bonne voie, les gens se rendent compte petit à petit et finissent par se sentir concernés. Je ne connais presque personne qui se fiche complètement de l’écologie, qui jette son mégot par terre sans même chercher une poubelle. L'influence de l'entourage est fondamentale. Mes parents ont beaucoup fait évoluer leur façon de consommer, même s'ils n’iront pas manifester pour le climat. Des gens connus contribuent à faire entendre largement le message, comme des Youtubeurs. L'objectif des mouvements comme Youth for Climate est que ça vienne aux oreilles du gouvernement, qu’une voix rayonne au niveau international. Il faut que la mobilisation dure jusqu’à un changement drastique et durable. Je suis très motivée et optimiste !»
Yolaine Youchtchenko, 20 ans, Paris
«On est plus sensibilisés que nos parents»
«J’ai grandi dans une famille qui faisait attention à l’écologie : on mangeait bio ou local, des produits venus du marché, on triait les déchets, on faisait attention aux marques, on prenait les transports en commun autant que possible, on faisait attention au gaspillage de l’eau… Je suis devenue végétarienne il y a deux ans, d’abord pour l’écologie puis pour le bien-être animal. J’avais des amis qui l‘étaient, cela m’a poussée à passer le pas. Aujourd’hui, j’ai un mode de vie presque végan.
«Je limite mes déchets, j'en ramasse même dans la rue ! Je boycotte des marques ne s'inscrivant pas dans cette démarche. Je refuse d’avoir une voiture. Pour les vêtements je n’achète que de la deuxième main, et parfois je “partage” des habits avec des amis. J’essaie de rentrer dans une logique minimaliste. Je ne changerai pas mon téléphone tant qu’il fonctionne bien, et j’essaie d’acheter des produits reconditionnés. De plus, je suis dans une association étudiante, "Sentience Rennes", qui a pour but de sensibiliser le campus à la question animale.
«Je suis plutôt plus engagée que mes amis, mais, d’une manière générale, ils comprennent et soutiennent ma démarche. S’ils sont parfois fainéants, ils trouvent tout de même le combat pour l’écologie légitime. Il y a un éveil des consciences. On est plus sensibilisés que nos parents. Maintenant, il faut être prêts à aller plus loin. Les décisions politiques et les lois n’avancent pas en dépit des mobilisations. Je pense que les choses vont aller dans le bon sens, mais plus lentement que je voudrais.
«Il faudrait des décisions qui influent sur notre quotidien, quitte, peut-être à limiter nos libertés individuelles : des amendes pour les gens qui trient mal, plus d’options végétariennes dans les cantines, etc. Je crois en un changement... mais je ne sais pas si c’est pour me rassurer ou si j’y crois vraiment.
«Personnellement, je pense que je vais m’engager encore plus. Quand j’aurai un emploi, j’aurai une consommation encore plus responsable et je financerai des associations comme Greenpeace. J’aimerais avoir une maison passive avec des toilettes sèches : ça me tue à chaque fois de tirer la chasse d’eau !»
Nadège Barthélémy, 18 ans, étudiante en histoire, Rennes
«Tout le monde veut voir le monde changer, mais peu semblent réellement prêts a changer»
«J’aurais du mal à dire à quand remonte ma conscience écologique. Probablement très jeune. Pas que mes parents soient particulièrement écolos, mais le problème de l’avenir de la planète a toujours été là, comme une petite musique de fond, et pas du genre agréable. Dans les médias, même ceux pour enfants (j’ai grandi avec Astrapi qui évoquait régulièrement le problème), le sujet ressortait, on insistait sur l’urgence.
«J’ai peu à peu modifié mon mode de vie. Je suis végétarienne depuis mes 16 ans. Je crois que c’était d’abord une question de protection animale. Depuis que j’ai 10 ans je savais que, quand je serai adulte, je serai végétarienne. Ça n’a pas été un pas difficile à franchir dans mon quotidien, mais plus difficile assumer devant la famille. Il n’empêche que j’ai vu beaucoup de mes ami·e·s me rejoindre, et que c’est un plaisir de partager ça avec eux. Je pense qu’on s’influence beaucoup entre nous, en étant végétarien·ne on montre que c’est simple, possible, indispensable. J’ai franchi le pas en voyant une amie le faire, qui m’a fait réaliser que ça y est, j’étais assez âgée pour qu’on respecte ma décision. Enfin, plus ou moins.
«Je fais la grande majorité de mes trajets en vélo, même si j’ai le permis. J’ai tendance à acheter beaucoup de vêtements, mais j’y travaille. Il reste encore beaucoup de domaines où j’ai un travail à faire sur moi. Le smartphone par exemple, le mien arrive en fin de vie, et la question du remplacement est un dilemme.
«Sur le plan politique, j’ai participé à toute les marches pour le climat organisées dans ma ville. Mon premier vote sera aux prochaines élections européennes, très probablement pour Europe Ecologie-les Verts (ou pour Génération·s ?). L’écologie, c’est individuel et politique, l’un ne va pas sans l’autre. Je me souviens des conseil des magazines pour enfants : "Pour la planète, éteins le robinet quand tu te brosses les dents.” C’est bien, mais ça ne suffit pas, ça ne sauvera rien. Par exemple, aucune mention du végétarisme, jamais. Un trop grand pas, vraiment ?
«Le gouvernement a un rôle à jouer, un rôle primordial. Parce que nos modes de vie doivent changer, et que cela passe aussi par des lois. Si les gouvernements ne font rien, nous n’irons nulle part. Mais d’un autre côté, inutile de demander des lois si l’on est pas capable de faire des sacrifices. Je pense qu’ils sont inévitables, et qu’ils passent déjà par des efforts quotidiens. Tout le monde veut voir le monde changer, mais peu semblent réellement prêts a changer leur mode de vie. Il reste du travail mais il y a du progrès : tout le monde est conscient du problème. Par exemple, mes parents et mes grands-parents sont très conscients. Mais ils ne changent pas pour autant.» 
Elise Gressier, 19 ans, Amiens
«On n'est pas là juste pour se rebeller»
«Depuis quelques années j'essaye d'adopter un mode de vie plus respectueux de l’environnement et cela passe principalement par ma consommation alimentaire et vestimentaire. Je tiens à préciser que bien que j'essaye d'adopter une consommation plus respectueuse de l'environnement, je ne pense absolument pas être un modèle ou avoir un comportement qui soit parfait, loin de là. Je suis végétarienne depuis à peu près deux ans. J'ai fait ce choix dans un premier temps pour des raisons écologiques, puis pour des raisons de respect des animaux. Je tente de favoriser l'agriculture biologique car plus respectueuse des sols et de la biodiversité. J'essaye également de tendre vers une consommation alimentaire zéro déchet, j'en suis encore malheureusement loin. [...] Sur le même principe, je suis soucieuse de l'impact écologique dû aux trajets effectués par les vêtements, entre leurs lieux de production et de vente. Pour cela, j'essaye de ne plus acheter de vêtements neufs. J'essaye de diminuer le nombre de produits esthétiques, d'utiliser des produits qui ne sont pas emballés et qui durent plus longtemps (shampoing et savon solides, pierre d'alun).
«Si j'ai un attrait pour l'écologie, c'est parce que mes parents sont aussi dans cette démarche. Mais il y a encore des jeunes pour qui cela n'est pas important, qui préfèrent le confort de manger dans des grosses chaînes qui produisent beaucoup d'emballages. Ils considèrent que les changements peuvent limiter leur bonheur. Ceci dit, même si on ne s'y intéresse pas particulièrement, on est globalement une génération plus sensible à ces enjeux parce qu'on est mieux informés.
«La question de la frustration me fait beaucoup réfléchir : comment alimenter son bonheur personnel et tenir ses engagements ? Par exemple, j'ai mis très longtemps à changer de régime pour un régime végétarien parce que j'adorais littéralement la viande, j'avais peur d'être frustrée. Finalement, j'ai réussi à me satisfaire de ce que je mangeais et à ne plus avoir envie de viande. Je pense que cela peut être pareil dans d'autres domaines. Je ne sais pas si la mobilisation de type manifestations ou grèves sera prise en compte à la mesure où elle le devrait. Mais la médiatisation de jeunes comme Greta Thunberg permet de faire entendre qu'on n'est pas là juste pour se rebeller, qu'il y a un discours et des idées derrière notre mobilisation.» 
Emma Fortin, 19 ans, étudiante en journalisme à Lannion
«Nous n'avons pas d'autre choix que de changer nos modes de vie»
«J'ai toujours été très soucieuse de la nature, des animaux et des humains. Je suis végane et dans une démarche zéro déchet, plus écologique et plus éthique. J'essaye de revoir ma consommation et de remettre en question mon mode de vie afin de minimiser mon impact sur la Terre et les hommes. Pour moi, à l'heure actuelle, nous n'avons pas d'autre choix que de changer nos modes de vies, de consommer et d'agir.
«Partout dans le monde, des gens s'activent pour qu'on puisse vivre dans une société qui soit plus juste et plus durable. Malheureusement, les petits pas ne suffisent pas et les plus puissants de ce monde ne changent pas leur comportement. Le gouvernement reste inactif pendant que nous sommes dans la sixième extinction de masse, tandis que des gens meurent de maladies liées à la pollution ou à cause de catastrophes liées au changement climatique. Les années passent, les rapports du Giec [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, ndlr] montrent les effets du changement climatique et on arrive dans l'impasse. C'est dans les dix ans qui viennent qu'il faut agir. La génération de nos parents, si elle est consciente des problèmes, est plus fataliste.
«Je suis prête à voir les choses changer en profondeur. Ce n'est pas facile comme idée étant donné le confort dans lequel on vit, mais je pense qu'on n'a pas vraiment le choix : notre système ne pourra pas continuer à marcher tel qu'il est, une quête de croissance infinie alors que les ressources sont finies.»
Emma de Sousa Reis, 20 ans, étudiante à Sup'écolidaire à Lyon
«Enormément d'étudiants diminuent drastiquement leur consommation de viande»
«Depuis bientôt deux ans, je suis presque devenu végétarien, ne mangeant de la viande que lors des fêtes de fin d’année ou au restaurant. Je pense que réduire sa consommation de viande est l’acte écologique le plus fort que l’on puisse réaliser. Je fais au quotidien d’autres petites actions simples et concrètes mais qui font du bien à la planète et au porte-monnaie.
«Sur mon campus, il y a énormément d'étudiants qui diminuent drastiquement leur consommation de viande ou ont complètement arrêté d'en manger à cause de la souffrance animale ou pour des raisons écologiques. Beaucoup font également le tri des déchets. Pratiquement tous les étudiants sont conscients du problème écologique, mais certains ne changent pas leurs habitudes. Cela ne les dérange pas de manger de la viande tous les jours.
«Politiquement, je suis un peu perdu mais j'aimerais bien un coup d'accélérateur sur la transition écologique ainsi que des encadrements plus forts et des punitions pour les grands lobbys.» 
Paul Glineur, 19 ans, Sciences Po Paris à Menton
«Vivre de manière plus écologique est mon devoir de chrétienne»
«Pour moi, essayer de vivre de manière plus écologique est mon devoir de chrétienne. L'écologie a été plus mise en avant avec le pape François et l'émergence récente de la notion d'"écologie intégrale", mais on peut la trouver dès certains textes de la Genèse. Selon moi, la planète ne doit pas être déifiée, c'est la création de Dieu qui nous a été confiée, nous en sommes les gardiens, nous pouvons l'utiliser à notre profit, mais nous ne sommes pas les propriétaires.
«On a besoin de changements dans nos habitudes de vie et de consommation et c'est plus facile quand on est jeunes. Concrètement, je ne mange de protéines animales qu'une fois par semaine, moins d'une fois par mois pour la viande rouge. Tout ce que je consomme est bio, et dans la mesure du possible local. Je suis en train d'expérimenter une transition vers le zéro déchet : courses en vrac, pas d'objets jetables, compost, cosmétique maison ou sans emballage... et d'apprendre à tricoter. Mon objectif à long terme est de ne plus acheter de vêtements neufs mais de les fabriquer ou de les acheter de seconde main.
«Pour moi l'essentiel est d'entrer dans une nouvelle approche de consommation : plus minimaliste, adaptée à nos besoins et non pas soumises à nos désirs. Ça demande de résister contre notre société de consommation qui prône le plaisir éphémère et immédiat.
«La plus grande difficulté, ce sont mes parents. Je suis en Erasmus et peux pour le moment vivre en autonomie, mais quand je rentrerai à la maison, il faudra me soumettre à leur mode de consommation d'enfants des Trente Glorieuses, et ce sera difficile.
«Chez les jeunes de ma génération, il y a un ras-le-bol de voir le monde dont on a hérité... Sans culpabiliser nos parents, on peut en avoir un peu marre de voir tout ce qu'on jette. Il faudra changer de mentalités, arrêter la surconsommation, le fast-food, la fast-fashion. En revanche, je trouve affreuse l'idée répandue dans nos sociétés occidentales qu'il vaut mieux ne pas faire d'enfants pour sauver la planète : c'est oublier que, bien éduquées, les générations suivantes pourront changer le monde ! J'ai beaucoup d'espoir en l'avenir : le monde change !» 
Ariane Galey, 19 ans, Sciences Po, en Erasmus à Vienne
«Le changement passera par l'investissement de chacun»
«Je suis un étudiant parisien de 16 ans. J'ai été sensibilisé comme tout le monde à l'école et par mes parents, puis cela m'a semblé légitime de m'engager dans une cause. Ce n'était pas suffisant de divulguer un message sans m'investir plus personnellement. J'ai notamment pris la décision de devenir végétarien depuis plusieurs mois. Je n'ai pas espoir que ma personne va changer les choses, mais je voulais m'investir concrètement, ne plus être dans la théorie. J'aimerais bien travailler dans l'humanitaire ou le développement durable et il m'a semblé nécessaire de m'investir dès maintenant. Aujourd'hui, cela m'amène à avoir des conversations avec des amis que cela surprend toujours. Il y a une différence de point de vue mais notre génération risque de subir l'impact direct du bouleversement climatique. Le changement passera par l'investissement de chacun, mais à partir du moment où tout le monde est conscient, je pense qu'on en est capables.»
Nelson Rémy, 16 ans, lycéen à Gentilly
«On ne nous a jamais parlé des solutions, des vraies solutions, celles qui fâchent»
«Tous les jeunes de ma génération peuvent en témoigner : depuis notre plus jeune âge, on nous bassine avec les problématiques liées à l'environnement, la sauvegarde de la planète, de sa faune et de sa flore, ou encore de la pollution. En grandissant, j'ai réalisé avec stupéfaction toute l'hypocrisie qui résidait chez ces personnes qui nous enseignaient l'importance du recyclage et des transports en commun. Comment la génération qui avait ignoré durant des décennies les signaux d'alarme des scientifiques quant au dérèglement climatique pouvait-elle se permettre de nous donner des leçons ? Jusqu'où allait leur légitimité, alors qu'ils étaient les premiers à se promener partout en voiture, consommer à outrance et jeter leurs mégots dans la rue ?
«Pendant toutes ces années, on nous a rabâché encore et encore tous ces problèmes. On ne nous a jamais parlé des solutions, des vraies solutions, celles qui fâchent, celles qui font mal. A mes 17 ans, la peur m'a mordue en pleine gorge. Elle ne m'a pas quitté depuis, mais avec le temps j'ai essayé (non sans peine) de transformer cette dernière en énergie, en moteur qui pousse à agir. A mes 17 ans, j'ai vraiment commencé à paniquer. A mes 17 ans, je suis devenue végétarienne. Deux ou trois années plus tôt, je n'aurais pas même songé à franchir ce cap, et pourtant, c'était fait ! L'impact de l'élevage sur la planète n'est plus un secret, ni une vague théorie : c'est un fait. Je ne voulais plus entretenir ce système en y prenant part.
«Depuis, on ne cesse de me poser des questions, de m'interpeller, de me provoquer gentiment (ou moins gentiment parfois) au sujet de mon choix alimentaire. On me demande si la viande me manque. Si je n'exagère pas un tantinet. Si je n'ai pas peur d'avoir des carences. Si j'ai le droit au saucisson "quand même" ! Ma famille n'est pas devenue végétarienne, je ne cherche pas à ce qu'elle le soit, je ne souhaite pas imposer mes convictions aux autres, juste à les partager. Toutefois, la consommation de viande a fortement diminué à la maison.
«Etre végétarien n'est pas le seul ni le meilleur moyen d'être "écoresponsable" . C'est un geste assez radical (et non pas extrémiste), mais ce n'est pas la seule chose à faire. Mon nouveau défi, pas si simple car je ne suis pas totalement indépendante, est d'adopter le mode de vie "zéro déchet". En attendant, on prend les transports en commun, on consomme local, on sensibilise les autres et... on sourit, car jusqu'à preuve du contraire, ça n'émet pas de CO2 ! Il y a encore un ou deux ans, je pensais faire partie des personnes les plus intéressées par l'écologie, mais cette année, je me suis rendue compte à quel point le sujet préoccupe la jeunesse. C'est un mouvement qui arrive au bon moment, quand l'heure d'une idée est venue, c'est là qu'elle est la plus puissante ! Notre génération a plus conscience des enjeux climatiques parce qu'on va en vivre les conséquences. La mobilisation qui a lieu en ce moment aurait dû avoir lieu il y a de longues années, quand les choses pouvaient encore changer dans le calme. C'est effrayant la révolution, mais on n'a pas vraiment le temps de faire autrement. Je trouve cela aberrant qu'on soit obligé de subir des restrictions ou autre, mais j'ai l'impression qu'on n'a plus le choix. Il faut faire pression sur les dirigeants. Je pense que, maintenant que la jeunesse s'est levée, il n'y aura pas de retour en arrière.»
Marie Lemonnier, 18 ans, en service civique, Angers
«Si les Etats ne sont pas capables de donner l'exemple, nous, nous allons le faire»
«J'ai grandi avec des parents flexitariens et végétariens, qui m'ont appris la mesure, en tout. J'ai toujours été sensible à ce qui évoluait autour de moi et toujours très respectueuse du vivant, je ne pensais pas avoir le droit d'écraser bêtement un ver de terre pour le plaisir, ou d'arracher les feuilles d'un arbre sans raison, et quand les enfants de mon âge le faisaient, cela me révoltait. Cependant j'ai longtemps vécu par procuration, me disant qu'avec tous les efforts et toutes les positions que mes parents prenaient, c'était un peu comme si c'était moi, et que je n'avais donc rien à faire de plus.
«Il y a environ trois ans, j'ai fait le choix de devenir végétarienne, en raison de vidéos sur les conditions d'élevage ou d'abattage. Aujourd'hui je n'ai pas de regrets, je ne ressens aucun manque. Je ne comprends pas pourquoi la vie d'un être sensible vaudrait moins que mes papilles. Ça a été, je crois, le déclencheur. Je me suis mise à faire des recherches, à regarder des reportages, sur tout : l'alimentation, l'habillement, la cosmétique, chaque sujet me renvoyait, comme une balle de ping-pong, à un autre, c'était sans fin. C'était trop. Je me suis sentie dépassée, submergée, j'angoissais de détruire ce monde en essayant simplement d'y vivre, j'ai eu le vertige.
«J'ai donc pris d'autres résolutions, je n'achète plus de vêtements neufs ou en boutiques, je me sers d'applications, je vais dans des vide-dressings, des dépôt-vente. Je n'achète plus que des shampoings et gels douches solides pour éviter les emballages plastiques. J'ai acheté des cotons et des serviettes hygiéniques lavables. Maintenant que je vis seule, je n'achète que des produits de saison, je fabrique aussi mes propres produits d’entretien. Il y a quelque chose de rassurant dans ce processus de réappropriation de ma consommation, je sais ce que j'utilise et je me sens moins flouée.
«Les blogueuses dites "green" m'ont aussi beaucoup aidés pour changer mes habitudes de beauté, car je n'avais jamais réalisé toutes les saloperies que renferment le maquillage, les crèmes, et même les eaux micellaires, que ce soit pour notre peau ou pour la planète ! J'ai été assez en colère. D'abord contre quelques membres de ma famille, qui ne me comprenaient pas, qui me regardaient comme une espèce d'illuminée, qui me faisaient sentir que j'étais différente, parce que mes choix leur renvoyaient simplement à la figure tout ce dont ils n'étaient pas capables. Si du haut de mes 17 ans, j'avais pu prendre la décision de changer drastiquement, eux, comme des petits roitelets n'entendaient pas abandonner leurs privilèges et me faisaient sentir que j'étais le problème.
«Ma colère a ensuite été plus globale, contre les gens, en général, que je considérais passifs, parfois stupides, aveugles, aveuglés, et imbéciles heureux de l'être. C'est une conception qu'aujourd'hui je n'ai plus. Ma haine était dirigée dans la mauvaise direction. Les vrais responsables, ce sont les grandes entreprises, qui pourrissent tout, en toute impunité, c'est notre gouvernement qui soutient l'ouverture d'une mine d'or en Guyane, qui n'a toujours pas banni le glyphosate alors que l'on connaît ses dangers, qui a supprimé l'aide au maintien après cinq ans aux agriculteurs bio, qui a refusé de renforcer l'étiquetage des aliments...
«A cela, le Président a plaidé devant un collégien, qu'il avait besoin de temps et qu'il ne pouvait rien faire seul. Mais nous, nous ne l'avons plus, ce temps, nous voulons vivre. Les rôles se sont inversés, si les Etats ne sont pas capables de donner l'exemple, nous, nous allons le faire. Si nous sommes dans la capacité du haut de notre jeunesse, de nous mobiliser, de prendre des choix drastiques pour sauver notre avenir, alors les adultes n'ont plus d'excuses. Notre mobilisation est peut-être plus forte parce que notre génération est plus en danger. C’est l’urgence qui nous réveille. Il faut avoir confiance. On n’y arrivera peut-être jamais mais j’ai espoir dans les jeunes, même plus jeunes que moi. C’est très encourageant de voir des collégiens dans les rues. Nous allons façonner ce monde à notre image, celle d'une jeunesse éveillée, consciente et plus que jamais, altruiste.»
Louise L., 20 ans, étudiante en géographie à Bamberg (Allemagne)
«Je ne pouvais pas imaginer m’engager dans une filière qui ne soit pas cohérente avec mes valeurs»
«Cela fait quatre à cinq ans que je suis engagée dans une démarche plus écolo. J’ai commencé par des petits gestes, comme arrêter de manger de la viande, me rendre à des "disco soupes" (des repas collectifs sans gaspillage), participer à des opérations de nettoyage dans ma ville. J’ai ensuite arrêté de me rendre dans des supermarchés. J’achète de la nourriture bio, locale, à des producteurs de ma région. Je réutilise des contenants pour éviter les emballages plastiques. Je privilégie le vrac. Je me déplace en transports en commun. Pour mes vacances, je refuse de prendre l’avion pour seulement une semaine et pour un voyage que je peux faire en train. J’achète mes vêtements de seconde main et je les revends.
«Au lycée, je ne savais pas quel métier je voulais faire mais je ne pouvais pas imaginer m’engager dans une filière qui ne soit pas cohérente avec mes valeurs. J’ai alors choisi de suivre le cursus de Sup’écolidaire, une école supérieure pour la transition écologique, sociale et citoyenne. Je suis d’accord avec le fait que l’Etat doit mettre en place des mesures fortes pour contraindre les entreprises et encadrer toutes ses politiques publiques en fonction de l’écologie. Le gouvernement actuel est très loin d’en faire assez. Mais pour que la contrainte fonctionne, il faut que les citoyens comprennent pourquoi elle est imposée.»
Clémence Leblanc, 19 ans, Lyon
«J'aimerais m’orienter vers un mode de vie “zéro déchet” quand je n’habiterai plus chez mes parents»
«Mes parents ont toujours eu une certaine éthique face à la planète, ils m’ont toujours sensibilisée à faire attention. Mais j’ai eu une réelle prise de conscience il y a environ deux ans en même temps que la prise de conscience générale, quand les médias ont commencé à en parler, ça m’a fait réagir.
«J’ai toujours fait attention à ce qu’il y avait dans mon assiette et depuis deux ans, j’ai quasiment arrêté la viande. J’ai mis en place plein de petits gestes anodins mais qui peuvent faire la différence selon moi : j’ai installé Ecosia comme moteur de recherche sur mon téléphone, je ne prends pas de bain, je trie mes déchets, je fais attention à la lumière. Par exemple, au lycée, les profs n’y prêtent aucune attention, et je demande régulièrement à ce qu’on éteigne car la lumière du jour est souvent suffisante. J’essaye au maximum d’acheter mes vêtements en seconde main chez Emmaüs, en friperies ou dans des brocantes. J’ai choisi de boycotter certaines marques qui n’ont aucune éthique comme Zara, H&M, Nutella ou Amazon, mais je ne commande pas sur Internet de manière générale.
«Au niveau des transports, je prends beaucoup le bus. Beaucoup de gens de mon entourage sont sensibilisés à cette cause, on en discute souvent, entre nous et on essaye de se lancer des petits projets. Ce vendredi, je participe à l’organisation de la marche pour le climat et des animations autour à La Rochelle. Peu de lycéens ou étudiants font partie de l'organisation. Il y a aussi beaucoup de gens de mon âge qui n’en n’ont rien à faire ou qui ont la flemme.
«L’année prochaine, je serai étudiante et j’aimerais m’orienter vers un mode de vie “zéro déchet” car je n’habiterai plus chez mes parents et je pourrai vraiment maîtriser mon mode de consommation. J’envisage peut-être de mêler mon métier à l’écologie. Je m’oriente vers l’art, l’image et la communication visuelle donc ça peut aussi être un moyen de faire passer des messages. Niveau politique, j’ai assez peu de connaissances mais je trouve qu’on laisse peu de place à l'écologie dans les décisions. On manque aussi cruellement d’éducation, notamment à l’école. La planète, c’est tout ce qu’il nous reste, ou qu’il ne nous reste pas justement... J’aurais bientôt l’âge de voter, et je n’envisage pas autre chose qu’un vote écolo. C’est la seule dimension de la politique qui m’intéresse pour l’instant.» 
Raphaëlle Penaud, 17 ans, La Rochelle
«Je suis prêt à limiter mes libertés»
«Ma prise de conscience a eu lieu quand j’étais en alternance en génie mécanique dans une entreprise de fabrication de pièces pour voitures de sport. Je me suis dit qu’encourager un tel loisir, néfaste pour l’environnement et dont on pourrait se passer, était immoral. Depuis, je me suis renseigné sur les dégradations sur l’environnement et le changement climatique. J’ai alors décidé de prendre les choses à bras le corps et d’en faire mon métier. Je suis actuellement le cursus de Sup’écolidaire, une école supérieure pour la transition écologique, sociale et citoyenne, avec pour but de m’engager dans une association ou dans une collectivité territoriale pour faire bouger les lignes au niveau local.
«Au quotidien, je fais des efforts pour réduire ma consommation, de nourriture, de transports et d’énergie. Mais ces petits efforts, que nous devrions tous mener, ne serviront à rien si de fortes mesures politiques ne sont pas mises en place. Je suis prêt à limiter mes libertés pour cela, si l’avion est interdit pour les liaisons en France ou en Europe, ne plus avoir de voiture, obliger à la mise en commun des outils de bricolage, par exemple. Toutes ces solutions renforceraient en plus la justice sociale, ce que réclame le mouvement actuel des gilets jaunes.»
Jean-Loup Prèzelin, 20 ans, Lyon
«Prendre un vol entre Paris et Marseille n’a juste aucun sens pour moi»
«La dégradation de l’environnement est une question qui me préoccupe beaucoup depuis deux ans. Face à cela, j’ai décidé de m’engager dans un parti écologiste en Belgique - je suis Belge et fais des études en France. Je réalise aussi des formations sur l’environnement pour une ONG. En Belgique, j’ai participé à l’organisation de plusieurs marches de jeunes pour le climat ces dernières semaines et j’en prépare une à Reims pour le 15 mars. Sur mon temps libre, j’alimente aussi un blog pour casser les clichés sur l’écologie. Pour moi, l’engagement se traduit dans toutes ces actions. Le fait de ne plus manger de viande, de prendre le vélo et de ne plus prendre l’avion, sont juste devenus des évidences. Prendre un vol entre Paris et Marseille n’a juste aucun sens pour moi.
«J’essaye de transmettre ces idées à mes parents. Bien qu’ils soient ouverts d’esprit, ils ont du mal à comprendre. Leur génération n’est pas née avec ces préoccupations. Limiter la consommation, éviter la voiture etc, tout cela va à contre-courant de ce qu’on leur a appris. Ils essayent de changer. Pour intégrer l’écologie à notre société, il faut limiter les libertés, seulement pas celles des individus mais des entreprises. Ce serait plus pertinent d’interdire la vente de certains produits, la destruction de terrains, etc. L’Etat est la seule institution en mesure d’appliquer ces mesures mais, actuellement, je n’ai pas confiance dans nos élus et leur idéologie libérale qui est incompatible avec l’écologie.»
Harold Fitch, 18 ans, Reims 
«Concrètement, comment on sauve la Terre ?»
«Depuis le début de ma vie, que se soit le matin à la radio, la journée à l'école, le soir à la TV, deux sujets sont toujours évoqués : la crise économique et le réchauffement climatique. En aucun cas des thèmes très heureux, et qui a force d'être répétés, finissent par s'installer définitivement dans le paysage. On finit par ne plus y prêter attention. Extinction massive, pollution irrémédiable, réfugiés climatiques sont autant de mots qui ne font plus peur alors qu'ils sont terribles.
«C'est pourquoi, depuis le mois de septembre, j'ai décidé de m'engager pour sauver notre planète Terre. Le problème c'est que très rapidement après avoir pris cet engagement, je me suis senti très seul et sans moyen d'action, puisque concrètement, comment on sauve la Terre ? Sans trop savoir par où commencer, j'ai décidé de me déplacer exclusivement en transport en commun : train, métro, tram, bus, vélo sont désormais les seuls transports que j'utilise pour me déplacer. En conséquence, j'ai même symboliquement remisé dans un tiroir, mon précieux permis de conduire décroché trois mois auparavant. J'ai réduit drastiquement ma consommation de viande, je l'achète bio et locale chez le boucher de mon quartier. Au début, j'ai eu peur mon budget étudiant très serré, mais je me suis vite rendu compte que cela ne coûtait pas plus cher que la viande d'origine inconnue vendue en supermarché et que je mangeais une fois par jour. In fine, je n'achète plus que les produits de base en supermarché (...) je me suis même lancé dans la fabrication de mes propres produits ménagers.
«J'ai acheté mes premiers vêtements dans une friperie, changé la batterie de mon smartphone défectueux au lieu de le jeter et d'en acheter un nouveau, et installé l'application de l'ONG WWF "We act for good". Pour terminer, j'envisage de résilier mon abonnement EDF classique pour un fournisseur d'électricité 100% renouvelable.
«Mes actions ne font pas de moi un parfait écolo mais il me semble que si elles étaient adoptées par l'ensemble des Français et des Européens, nous pourrions en partie sauver la Terre.»
Vincent Benaired, 18 ans, étudiant à l'Université Lyon 3 en Droit et Science Politique
«Nous avons notre mot à dire pour notre futur, non ?»
«J’ai 20 ans et je pense que le système doit changer. J’ai 20 ans, et tous les jours je me lève avec la boule au ventre parce que j’ai peur. J’ai peur de ce climat qu’on a transformé, j’ai peur de tout ce qui arrive et de tout ce qui est déjà là. (...) Est ce qu’à 20 ans, c’est normal de vivre dans la peur ?
«Alors j’évite de prendre l’avion pour partir en week-end trois jours à l’autre bout de l’Europe, je vais faire mes courses à pied avec des sacs en tissus et des bocaux en verre pour ne pas produire encore des déchets, alors je n’achète et je ne mange plus ni viande et ni poisson d’ailleurs, parce que le système d'élevage est tout simplement inconscient, que non, j’ai pas envie de bouffer des antibios au poulet et que non, je ne veux pas cautionner la destruction de nos fonds marins. (...). J’ai même installé un compost dans ma colocation, que je vais vider toutes les semaines chez mes parents, pour arrêter de tout jeter dans la poubelle normale. Alors oui, j’ai arrêté de me mettre des tampons aromatisés glyphosate dans ma chatte, a quoi, vous ne saviez pas encore de quoi ils étaient composés ? Alors oui, je fais des concessions tous les jours, mais ce n’est pas toujours facile. Quand je me promène dans la rue, et que je vois des gens jeter leurs mégots, quand je passe devant les grandes enseignes de magasins et je vois des individus acheter (encore) de nouveaux vêtements, quand je regarde des enfants sortir de fast-food et de multinationales... J’ai envie de vomir.
«Je pense que nous les jeunes, nous avons des choses à dire et que c’est maintenant qu’il faut bouger. Que c’est notre génération qui va prendre, à tel point qu’on se demande tous si c’est bien la peine de faire des enfants. Les premiers rapports sont sortis il y a 50 ans. 50 putains d’années et on en est encore là ? Alors oui, on voudrait que le système change et on est prêt. (...) Les jeunes sont prêts et c’est pour cela qu’ils descendent dans la rue. Nous avons notre mot à dire pour notre futur, non ? Je voudrais juste finir par dire un mot à tous ceux qui se battent : vous n’êtes pas tous seuls, nous sommes des milliers. Ce n’est pas parce que t’as l’air d’un con quand tu reprends quelqu’un qui jette un déchet par terre ou que tu passes à la caisse avec ton étiquette collée sur le bras pour pas prendre de sac plastique, que tu es seul. Nous sommes une multitude qui ne cesse de grandir.»
"Ainhoa", 20 ans, Nantes
«Comment se projeter dans un futur qui rime avec "effondrement"? »
«J'aurai 21 ans cette année, j'ai de bonnes notes, de beaux projets, je suis bien entouré. Bref j'ai une belle vie. Pourtant, je ne suis pas pleinement satisfait, je ne vis pas pleinement mon présent car aujourd'hui s'imposent à nous des crises environnementales colossales alors que les Etats font la sourde oreille quand la planète se meurt. J'ai la chance d'avoir une mère mobilisée sur ces questions et d'avoir eu accès à des informations sur l'effondrement depuis que je suis jeune.
«Comment se projeter dans un futur qui rime avec "effondrement"? Des décennies de discours égoïstes et libéraux qui ont considéré la Terre comme un réservoir à ressources illimité, et qui aujourd'hui nous condamnent sans écouter nos contestations. Je pourrais, comme de nombreux autres, me dire que je tiens à mon petit quotidien, que de toute façon le train est lancé et ne s'arrêtera pas. Mais je n'arrive pas à me résigner. J'ai un petit frère de bientôt 2 ans, et à chaque fois que je pense à laisser tomber, je pense à lui. Pourquoi devrait-il être privé d'un droit à vivre? C'est pour ça que j'ai décidé de changer, de m'engager. Individuellement je me déplace en transports en commun, j'achète en vrac, je n'achète plus de viande, j'évite le neuf... Et je boycotte ces entreprises qui osent encore mettre dans leurs publicités des enfants souriant à la vie alors que simultanément, de l'autre côté du globe, leur avenir part en fumée pour de l'huile de palme. C'est compliqué cela dit, pour l'instant, j'ai encore une voiture que j'utilise à peu près toutes les deux semaines, mais je vais m'en débarrasser. En tant que jeune, on ne questionne pas assez les soirées par exemple, les impacts de la clope, de l'alcool, des sodas produits à grande échelle. Pour l'avion aussi, j'ai plein d'amis qui se disent écolos mais qui continuent à l'utiliser. Pourtant, je suis contre l'instauration de règles coercitives. Ca ne marche pas, on l'a vu avec les gilets jaunes. Je ne pense pas que l'interdiction telle quelle soit la solution, il faut préférer la conscientisation des gens. Si on change leurs habitudes du jour au lendemain, on ne peut pas espérer de bonnes réactions. J'ai rejoint Citoyens pour le Climat et Youth For Climate pour tenter de répandre le message, de sensibiliser un maximum afin d'amener les gens à une vraie prise de conscience. Contre le greenwashingdes géants qui polluent et de notre président. (...) Il est temps de questionner notre confort et nos réels besoins. L'écologie doit être l'urgence de tout le monde, et j'espère que ça ira assez vite pour éviter l'effondrement.»
Arthur Dubar, 20 ans, Rennes 
«L'urgence climatique a eu un effet positif : elle a réveillé en moi une énergie débordante !»
«Collégienne, je mangeais des plats industriels réchauffés au micro-ondes, raffolais de Nutella et renouvelais ma garde robe très régulièrement. A 4 ans, au Mont Saint-Michel, je me souviens que je pensais à la saveur des côtes d'agneau en croisant des moutons. Petit à petit, j'ai pris conscience du problème, avec les cours sur le développement durable au collège, puis surtout à travers des rencontres avec des gens engagés au lycée. L'urgence climatique a eu un effet positif : elle a réveillé en moi une énergie débordante !
«Aujourd’hui je suis végétarienne et locavore, j'essaie de limiter mon impact, je consomme des produits bios, je suis membre d'une AMAP et je participe au défi rien de neuf de l’association Zéro Waste France. L'impact sur mon budget étudiant est très positif ! Je suis scandalisée par le gaspillage alimentaire et la destruction des invendus, on produit trop de déchets. J'ai choisi d’orienter ma vie vers la transition écologique et solidaire. Je suis présidente de l’association les DDcalés, et j’organise avec d’autres la mobilisation étudiante. Pour faire changer les choses dans mon entourage, je préfère, sans prétention, montrer l’exemple. Je n’ai plus de poubelle d’ordures ménagères, je ne mange plus de viande (et je peux toujours donner mon sang), je n’achète plus neuf... Et pourtant je suis éminemment heureuse, je ne manque de rien. J’ai même encore trop. Alors mes proches voient que ça fonctionne, et certains reprennent ce que je fais. (...) Je pense que nous devons nous rapprocher de la sobriété d’avant guerre. Cette révolution du tout jetable est absurde. Nous devons freiner nos consommations. Le GIEC se tue à le dire. Même avant ma naissance, l’alerte avait déjà sonné bien des fois. (...)
«C'est à cause du pouvoir des lobbys que je ne crois pas à la capacité du système législatif à instaurer des règles. Il faut un 49.3 de l'environnement : faire passer des lois parce qu'on a pas le choix sans attendre la majorité, par exemple pour les pesticides en villes qui tuent les abeilles et polluent les sols, ou pour sortir de la pétrochimie et du tout jetable. Mais il faut aussi toujours proposer des alternatives sinon ça ne fonctionne pas.
Léa Bonneville, 19 ans, licence sciences écologie et société, Lorient
«Je me suis décidée à ne plus jamais reprendre l'avion»
«J'ai 13 ans. Pendant des années, j'ai été une énorme consommatrice, je détruisais le monde sans même en avoir conscience. Après tout, comment en aurais-je eu conscience ? Grâce à l'école ? Non. On nous éduque de manière à fermer les yeux sur la réalité, à être de parfaits petits citoyens qui n'ont rien à redire sur le système et le confort qu'il nous offre. Alors comme tous les jeunes je vivais sans me soucier des enjeux de mon mode de vie.
«J'ai grandi dans une famille plutôt engagée, et vers mes 11 ans j'ai commencé à voir un peu plus loin que ma petite vie. A la fin de la sixième, j'ai commencé à regarder des reportages et à lire des articles sur plusieurs thématiques liées à notre planète. J'ai alors réalisé que tout ce qui m'arrivait entre les mains n'était pas là par magie, que tout ce qui me paraît le plus banal a un impact sur notre planète. Alors que je voulais être artiste, je me dis maintenant que je veux faire quelque chose qui va faire bouger la planète. De toutes façons mon avenir c'est celui de la planète.
«D'abord, j'ai arrêté d'acheter des vêtements neufs. Depuis deux ans, je m'habille uniquement d'occasion et je fais en sorte de sensibiliser mon entourage un maximum, principalement avec Instagram. Régulièrement, j'y partage des photos de manifestations et des textes sur ce que je fais pour changer les choses. Je me suis décidée à ne plus jamais reprendre l'avion. Peut-être il m'arrivera de le reprendre exceptionnellement dans ma vie, mais rien ne me dégoûte plus que ceux qui l'utilisent pour voyager au sein d'un même continent. Idem pour le bateaux. Je fais aussi attention à la nourriture car tous nos objets et vêtements sont importés depuis l'étranger. Alors je favorise les aliments locaux et de saison, et j'achète un minimum d'objets qui viennent de loin. J'ai presque arrêté de consommer, je me contente du nécessaire. J’essaie de devenir “zéro déchet” . (...) Ma famille n'est pas toujours très impliquée, alors je me lave mes mouchoirs, cotons et serviettes hygiéniques réutilisables à part dans une essoreuse à salade. Quand je suis née, mes parents étaient végan. Donc je n'ai jamais mangé de viande. J'ai été végétarienne et, depuis un an, je n'utilise plus du tout de produits animaux. J'essaie d'instaurer au minimum un menu vegan par semaine à la cantine de mon collège, et de réduire peu à peu notre consommation de viande dans l’établissement.
Je pense qu'on doit passer des lois pour interdire certaines choses polluantes, mais il faut aussi sensibiliser davantage, par exemple à l'école ou dans les médias. Par exemple, il faudrait interdire les substances qui détruisent les sols, comme le glyphosate... Mais on ne peut pas interdire tout ce qui fait la base de notre consommation du jour au lendemain et il faut aussi favoriser la consommation locale.
En deux ans j'ai radicalement changé ma vie en faveur de mon avenir et celui de notre planète. Cette année, je profite de mon indépendance pour aller régulièrement manifester afin d'élargir mon engagement. J'ai rejoint le mouvement Youth For Climate, et je fais grève tous les vendredis. Je fais toutes les marches, mais avec une amie, quand on ne veut pas attendre les manifs, on va seules manifester dans Paris avec nos pancartes, devant les ministères, les grandes enseignes, parler aux gens...Dans les manifestations je suis quasiment la seule collégienne. (...) Dans ma classe, on se moque de moi. Je vois bien que dans mon collège tout le monde ferme les yeux. Je suis assez pessimiste : tous les jours la Terre se détruit, des espèces disparaissent... J'espère qu'on va sauver l'avenir mais si on continue, la Terre ne sera même plus habitable avant ma retraite.»
Ondine, 13 ans, Veneux les Sablons (Seine-et-Marne), collégienne
«Notre génération se tire vers le haut, où plutôt vers la décroissance»
«Je suis prête à faire des concessions pour le futur, évidement, parce que je prends chaque jour davantage conscience de l’urgence climatique et de l’exigence de cohérence entre la manifestante pour le climat que je suis, et la parisienne aisée que j’ai toujours été. J’ai petit à petit changé mes habitudes, par «petits pas», pour citer Nicolas Hulot (...). J'ai décidé d’arrêter d’acheter des vêtements neufs depuis deux ans. Je n’achète plus de téléphone portable par ailleurs : j’ai depuis cinq ans l’iPhone 4 qui était à ma mère, car je suis consciente des vies menacées lors de la production des smartphones, des dégâts environnementaux provoqués par l’extraction de produits miniers... Depuis six mois, je ne mange plus du tout de viande par souci d’égalité et pour que l’eau que je "sauve" hydrate les hommes qui en ont en besoin au lieu de d’alimenter la viande, un luxe dont je me passe sans trop de difficulté. J’ai organisé chez moi un compost ; je veille à ce que les autres membres de ma famille recyclent et trient bien. (...) Maintenant, j’accepte l’idée que la voiture est un luxe dont nous n’avons, en réalité, pas besoin. La plupart des "sacrifices" que j’ai faits depuis quelques années sont à considérer comme des illustrations des corrélations évidentes entre justice climatique et justice sociale. La concession que je peux pas encore faire est de renoncer à l’avion. Par contre, j’exige la taxe sur le kérosène, à la place de celle sur le carburant (tant que l’on aura pas développé des transports en communs efficaces partout en France en tout cas, la taxe sur le carburant me semble profondément injuste et violente) (...)
«J’ai deux petits frères de 5 ans, nous leur apprenons à éteindre la lumière qui ne sert à rien, à éteindre l’eau, à trier les déchets... Je suis prête à vivre autrement que mes parents, évidemment. Je refuse les sacs en plastique dans les magasins, je suis prête à réduire un maximum ma consommation de plastique. Je suis prête à continuer sur ces concessions et à en faire beaucoup d’autres (cela sera plus facile lorsque je vivrais seule ou avec des amis -autour de moi). Notre génération se tire vers le haut, où plutôt vers la décroissance. Et j'ai une once d'espoir quand je vois qu'un dialogue s'ouvre avec les adultes, nos parents, qui comprennent qu'il faut désormais se battre pour nous.»
Ella Butel, 18 ans, lycéenne à Paris
«C’est maintenant que nos idéologies s’ancrent»
«Ne pas gaspiller, faire attention à ce qu’on achète ou à ce qu’on produit comme déchets, cela fait partie de mon éducation. Au lycée, j’ai beaucoup échangé avec ma grande soeur qui était déjà très engagée. J’ai arrêté de manger de la viande pour des raisons écologiques à 18 ans. J’espère devenir végan, je vais au marché, je ne consomme presque plus de produits tout faits, j’ai changé totalement ma façon de me nourrir.
«Cela représente des contraintes. Avec un budget d’étudiante on n’a pas toujours le choix, et puis par exemple le magasin de vrac est plus loin, cela prend plus de temps d’y faire ses achats... En revanche, certaines actions sont devenues vraiment compliquées pour moi comme aller au fast food, acheter n’importe quel produit qui contient de l’huile de palme ou du chocolat premier prix… Il y a pas mal de produits ou de marques que je boycotte.
«Pour moi l’écologie est une réflexion globale : a-t-on besoin d’acheter et de produire plus ? Certaines choses ne sont pas vraiment des efforts, comme ne pas manger de viande, d’autre si, comme renoncer à certains vêtements.
«L’écologie est une préoccupation principale dans plusieurs domaines de ma vie, y compris mes productions artistiques. J’essaie d’en discuter et d’informer les gens. Mais agir dans son coin ce n’est pas grand chose. J'estime que les initiatives personnelles ne sont pas suffisantes face aux problèmes actuels et je milite pour un éveil des plus puissants face aux enjeux environnementaux.
«J’ai l’impression que les jeunes comprennent ce qui se passe et qu’ils se rendent compte que le changement n’est pas si compliqué. Et cela change vite, rien que depuis l’époque où j’étais au lycée, mon discours par exemple sur le végétarisme est beaucoup mieux accepté.
«Nous les jeunes, on se construit, on est en train de faire nos choix pour nos vies futures, c’est maintenant que nos idéologies s’ancrent. Plus tard, c’est plus difficile de changer son mode de vie. Et au delà, les modèles qui existent doivent changer. Personnellement je suis prête à vivre autrement, à vivre un changement politique radical, et j’espère même pouvoir vivre dans un monde qui fonctionne différemment.
«Oui, je suis prête à changer mon mode de vie mais pourquoi se sacrifier quand les plus puissants ne font aucun effort ?»
Sophie Vela, 20 ans, Rennes, étudiante en design graphique, membre des Jeunes Ecologistes

Nenhum comentário:

Postar um comentário