(Pauline Moulot - Libération - hoje)
Le 11 novembre, la Pologne a célébré sa fête de l’indépendance. A cette occasion, plusieurs manifestations ont eu lieu à Varsovie : douze, selon la correspondante de RFI.
La grande marche nationaliste, à laquelle vous faites référence, a rassemblé 60 000 personnes selon la police. Elle a été organisée par l’extrême droite : le Camp national radical (ONR) et la Jeunesse de la Grande-Pologne. L’ONR se présente comme «un héritier du mouvement fasciste des années 30 du même nom, qui s’est battu pour débarrasser la Pologne des Juifs dans les années précédant l’holocauste» écrit le Wall Street Journal. Ils soutiennent que «l’arrivée de réfugiés syriens en Europe fait partie d’une conspiration menée par des financiers juifs, qui travaillent avec les communistes de l’Union européenne pour amener des musulmans en Europe et, avec, la charia et l’homosexualité. Ce groupe a régulièrement organisé des événements pour commémorer le pogrom de 1936 contre les juifs», écrit encore le quotidien américain.
Voici quelques slogans entendus dans la manifestation : «Pas de Pologne islamiste, pas de Pologne laïque, mais une Pologne catholique», rapporte RFI qui parle de slogans «ouvertement anti-européens, anti-libéraux et islamophobes». «Outre les classiques "Dieu, honneur et patrie" et "Gloire à nos héros", quelques slogans xénophobes ont été entendus : "La Pologne pure, la Pologne blanche", "Foutez le camp avec vos réfugiés" ou "A coups de marteau, à coups de faucille, battre la racaille rouge" – ce dernier compris à la fois comme anticommuniste et antirusse», détaille l’AFP.
Le mot d’ordre de la manifestation, «Nous voulons Dieu», vient d’un chant traditionnel catholique cité par Donald Trump lors d’une visite à Varsovie cet été qui, aujourd’hui, peut parfois être interprété comme un rejet de l’islam, selon l’agence de presse.
Pour autant, plusieurs journalistes ont tenu à préciser que tous les participants à la manifestation ne se réclamaient pas du groupe néonazi et n’étaient pas d’extrême droite. L’AFP écrit ainsi : «Cependant, des participants interrogés par l’AFP ont nié toute motivation politique ou religieuse. "Cette marche n’est pas faite pour soutenir le gouvernement, la plupart d’entre nous n’ont aucune opinion politique", a dit un travailleur manuel de 43 ans venu de Piaseczno, près de Varsovie. "Simplement, en venant ici, je me sens appartenir à la nation, je me sens fier d’être Polonais." […] Une jeune manifestante, cuisinière dans un hôtel quatre étoiles, vient de rentrer au pays après avoir passé trois ans en Grande-Bretagne. "Je n’ai aucun lien avec l’ONR ou la Jeunesse de la Grande-Pologne, je suis venue ici pour me sentir à nouveau Polonaise", confie-t-elle.»
«Je dirais que certaines personnes ici ont des vues extrêmes, peut-être 30% de ceux qui manifestent, mais 70% d’entre eux sont simplement en train de défiler calmement, sans crier aucun slogan fasciste», explique un témoin cité par l’AFP.
«Un certain nombre de manifestants ont affirmé ne pas appartenir à une quelconque organisation raciste ou néofasciste mais ne voyaient pas de problème dans le ton général qu’a pris l’événement le plus important en Pologne de la fête de l’indépendance. "Bien sûr qu’il y a des nationalistes et des fascistes à cette manifestation, a dit Mateusz, 27 ans et enveloppé dans un drapeau polonais. "Ça ne me dérange pas. Je suis juste content d’être ici"», rapporte le Wall Street Journal.
Le reporter du quotidien américain a par ailleurs été accusé d’avoir diffusé une fake news en tweetant son article accompagné du commentaire : «60 000 Polonais ont défilé derrière des manifestants agitant des insignes nazis et un groupe brûle des effigies de juifs.» Il a ensuite annoncé avoir supprimé ce tweet dont la formulation «donnait l’impression que 60 000 personnes ont défilé pour des groupes ethno-autoritaires alors que la majorité a marché joyeusement, en étant à leurs côtés en connaissance de cause.»
https://www.youtube.com/watch?v=4vIdTKai_Dc
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